La Banalité du Mal au 21e Siècle

03/06/2024

Bonjour, pour ce nouvel article, je souhaite vous partager des recherches réalisées sur la banalité du mal au 21e siècle, avec des exemples assez actuels. J'espère que l'article vous plaira. N'hésitez pas à me contacter en bas de la page pour me transmettre vos commentaires et suggestions.

Bonne lecture !


Hannah Arendt, dans son ouvrage "Eichmann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal", développe l'idée que les auteurs de crimes de guerre, tels que les nazis, ne sont pas des monstres mais des êtres humains ordinaires. En qualifiant leurs actes de "banalité du mal", Arendt met en lumière la nature prosaïque et bureaucratique des atrocités commises, loin des images mythiques de monstres inhumains.

Arendt souligne que considérer ces criminels comme des monstres est une erreur, car cela les déresponsabilise. En les voyant comme des exceptions à l'humanité, on évite de reconnaître que de tels comportements peuvent émaner de personnes ordinaires sous certaines conditions sociales et politiques. Eichmann, par exemple, n'était pas un démon ou un être exceptionnellement malveillant, mais un homme banal, conformiste, qui exécutait des ordres sans remettre en question leur moralité.

Cette perspective nous oblige à confronter la réalité troublante que des individus apparemment ordinaires sont capables de commettre des atrocités. C'est une mise en garde contre la tentation de déshumaniser les criminels de guerre, car cela nous empêche de comprendre les mécanismes sociaux et psychologiques qui permettent de telles actions. En reconnaissant leur humanité, nous pouvons mieux appréhender les dangers de l'ignorance, de la conformité aveugle et de la banalité du mal.

En résumé, Arendt nous invite à ne pas mythifier les criminels de guerre en les considérant comme des monstres, car cela les excuse en quelque sorte. Ils sont humains, et c'est précisément cette humanité qui rend leurs crimes si terrifiants et importants à comprendre.

Pour relier "Eichmann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal" de Hannah Arendt à un exemple contemporain du 21e siècle, on peut examiner le cas des crimes de guerre et des violations des droits de l'homme commis par des fonctionnaires et des militaires ordinaires dans divers conflits récents. 

La Guerre Civile en Syrie

Depuis le début de la guerre civile en Syrie en 2011, de nombreuses atrocités ont été documentées, y compris des exécutions sommaires, des tortures et des attaques chimiques contre des civils. Ces actes ont été perpétrés par divers acteurs, y compris le régime syrien de Bachar al-Assad, des groupes rebelles et des organisations terroristes comme ISIS. Aujourd'hui, les fonctionnaires et militaires impliqués dans ces atrocités peuvent être considérés à travers le prisme de la "banalité du mal" tel que décrit par Arendt.

Tout d'abord, comme Eichmann, de nombreux soldats et fonctionnaires syriens pourraient justifier leurs actions par une simple obéissance aux ordres. Ils opèrent dans un système bureaucratique où la responsabilité individuelle est diluée. Les crimes sont souvent commis dans un contexte où la violence est banalisée. Les bourreaux ne se voient pas nécessairement comme des monstres, mais comme des exécutants de routines administratives ou militaires. De plus, Arendt souligne l'incapacité de certains individus à réfléchir moralement à leurs actions. De nombreux fonctionnaires et militaires syriens peuvent être tellement endoctrinés ou conditionnés par leur environnement qu'ils ne remettent pas en question la moralité de leurs actes.

Un rapport de Human Rights Watch documente les atrocités commises dans les prisons syriennes, où des milliers de détenus ont été torturés et tués. Les gardiens de prison et les officiers responsables de ces crimes agissaient souvent sous des ordres directs, et leur justification résidait dans le maintien de l'ordre et la protection du régime. Ce comportement reflète la "banalité du mal" : des individus ordinaires commettent des actes horribles sans nécessairement être des sadiques ou des fanatiques.

En comparant, on voit que les leçons d'Arendt sur la banalité du mal restent pertinentes aujourd'hui. Les crimes commis en Syrie montrent que des atrocités peuvent être perpétrées par des personnes ordinaires dans des contextes où l'obéissance et la routine supplantent la réflexion morale. Ainsi, comprendre cette dynamique est crucial pour prévenir de futures atrocités et promouvoir la responsabilité individuelle.

La Répression des Ouïghours en Chine

Depuis les dernières années, il y a eu des rapports croissants sur la répression sévère des Ouïghours et d'autres minorités musulmanes dans la région du Xinjiang en Chine. Des millions de Ouïghours ont été détenus dans des camps de rééducation, soumis à une surveillance de masse, à des restrictions religieuses et culturelles, ainsi qu'à des travaux forcés.

Encore une fois, les fonctionnaires et les agents de sécurité impliqués dans la mise en œuvre de ces politiques répressives agissent sous la direction d'un appareil d'État bureaucratique. Leur rôle dans la répression est souvent justifié comme étant une simple exécution des directives gouvernementales visant à maintenir la stabilité et la sécurité nationale. Les actes de surveillance, de détention et de rééducation forcée deviennent des tâches routinières pour ceux qui les exécutent. La déshumanisation des Ouïghours, présentés comme une menace à la sécurité, facilite cette banalisation de la violence. Les fonctionnaires et les agents de sécurité peuvent ne pas réfléchir à la moralité de leurs actions, se contentant de suivre les politiques de l'État. Cette obéissance aveugle et cette conformité bureaucratique illustrent la manière dont des actes de mal peuvent être commis sans une réelle considération éthique.

Pour vous donner une illustration concrète, comme pour la guerre civile en Syrie traitée plus haut, un rapport d'Amnesty International de 2021 décrit comment des millions de Ouïghours sont soumis à une surveillance de masse, à des détentions arbitraires et à des pratiques coercitives. Les fonctionnaires chargés de ces politiques opèrent souvent dans un cadre bureaucratique rigide où les ordres sont exécutés sans remise en question morale. Des témoignages de détenus révèlent que les gardiens et les officiers se considèrent comme exécutant des tâches administratives plutôt que comme commettant des abus.

Je souhaite aussi parler brièvement de la Russie dans le cadre de la guerre en Ukraine.

Depuis l'annexion de la Crimée en 2014 et l'invasion à grande échelle de l'Ukraine en février 2022, la Russie a été impliquée dans de nombreuses accusations de crimes de guerre, y compris des bombardements de civils, des exécutions sommaires et des déportations forcées. En parallèle, à l'intérieur de la Russie, le gouvernement a intensifié la répression contre les opposants politiques, les journalistes et les activistes, utilisant des méthodes qui rappellent la "banalité du mal".

On peut reprendre les trois grands arguments similaires à ceux de la guerre civile en Syrie ou de la répression des Ouïghours en Chine. Les soldats, les policiers et les fonctionnaires russes impliqués dans ces actes agissent souvent en suivant les ordres de leurs supérieurs dans le système bureaucratique rigide où ils se trouvent. Leur rôle est justifié comme étant une simple exécution des directives gouvernementales, que ce soit pour maintenir la sécurité nationale ou pour "protéger" la Russie des ennemis internes et externes. Les actions violentes, qu'elles soient commises en Ukraine ou contre des dissidents en Russie, deviennent des tâches routinières pour ceux qui les exécutent. Les victimes sont souvent déshumanisées, ce qui facilite la justification des abus et des violences, notamment grâce à une propagande massive. Ainsi, les individus impliqués ne remettent pas en question la moralité de leurs actions, se contentant de suivre les politiques de l'État et étant soumis à la manipulation politique.

Un rapport d'Amnesty International de 2023 documente les abus commis par les forces russes en Ukraine, notamment les attaques contre des infrastructures civiles, les détentions arbitraires et les tortures. Les soldats et les officiers responsables de ces actes suivent souvent les ordres sans remettre en question leur moralité. De même, à l'intérieur de la Russie, les arrestations et les persécutions des opposants politiques, comme Alexeï Navalny et d'autres, sont effectuées par des fonctionnaires et des policiers qui appliquent simplement les directives reçues.

Ces exemples contemporains, de la répression des Ouïghours en Chine à la guerre en Syrie et les exactions russes en Ukraine, illustrent la pertinence durable de la notion de "banalité du mal" développée par Hannah Arendt. En qualifiant les actes des criminels de guerre comme étant des manifestations de cette banalité, Arendt nous met en garde contre la tentation de déshumaniser ces auteurs en les considérant comme des monstres. Cela nous rappelle que sous certaines conditions sociales et politiques, des individus ordinaires peuvent commettre des atrocités terrifiantes.

Comprendre cette dynamique est crucial pour prévenir de futures atrocités et promouvoir la responsabilité individuelle. En reconnaissant que les auteurs de ces crimes sont des êtres humains ordinaires, nous pouvons mieux appréhender les mécanismes qui permettent de telles actions et travailler à les désamorcer. La réflexion morale, la vigilance face à la propagande et la responsabilité individuelle sont essentielles pour contrer les dangers de la banalité du mal dans notre monde actuel.


Merci !

bureaucratie

nom féminin

  • 1. Ensemble des fonctionnaires, des bureaucrates, considérés du point de vue de leur influence.
  • 2. Pouvoir des membres de l'appareil d'État ou d'un appareil administratif quelconque (d'un parti politique, d'un syndicat, d'une entreprise, par exemple).

Sources principales : 

La pression sur la Chine s'accentue après la publication du rapport de l'ONU sur la répression des Ouïgours (courrierinternational.com)

Guerre en Ukraine : la Russie a recruté plus de 200.000 soldats en 2023 | TF1 INFO 

https://www.tf1info.fr/international/guerre-en-ukraine-la-russie-a-recrute-plus-de-200000-soldats-pour-son-armee-en-2023-selon-ancien-president-medvedev-2265633.htm

Crimes de guerre : l'Allemagne et l'Espagne ouvrent des enquêtes contre la Russie (lemonde.fr)

LAROUSSE 

Je n'ai pas lu le livre "La banalité du mal au XXIe siècle" de Monsieur Jean-Baptiste GAUTHIER 

Guerre en Ukraine : la Russie accusée de nouveaux crimes de guerre | Les Echos 

La responsabilité partagée des crimes de guerre en Syrie | Conflits : Revue de Géopolitique (revueconflits.com)

Violations des droits de l'homme pendant la guerre civile syrienne — Wikipédia (wikipedia.org) 

Chine : Crimes contre l'humanité incessants visant les Ouïghours | Human Rights Watch (hrw.org) 

Crimes contre l'humanité, tortures, violences sexuelles... le rapport de l'ONU accablant contre la Chine sur les Ouïghours – Libération (liberation.fr) 

Ouïghours : l'ONU évoque des "crimes contre l'humanité" dans la région chinoise du Xinjiang – L'Express (lexpress.fr) 

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